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Communiqué presse

Technopolice lance sa propre carte de la 5G en Belgique

https://carte5G.be

En avril 2020, l’Institut belge des services postaux et des télécommunications (IBPT) a, pendant plusieurs semaines, bloqué l’accès au site internet permettant aux citoyen·ne·s de s’informer sur les positions géographiques des antennes GSM (1). L’IBPT, qui procédait alors à une consultation publique en vue de la mise aux enchères de licences temporaires pour le déploiement de la 5G, a décidé que l’information nécessaire à un débat éclairé était moins importante que la sécurité des infrastructures des opérateurs de télécommunication.

La disparition de cette carte n’est pas la seule occasion où les institutions belges ont manqué de transparence concernant la 5G. Ainsi, en février 2021, le Gouvernement Wallon semble avoir décidé de maintenir confidentiel le rapport d’expertise sur la 5G qu’il avait commandé. La confidentialité du rapport est en contradiction apparente avec les recommandations mêmes des experts santé qui, selon Le Soir, réclamaient plus de transparence. Cela parait confirmer la volonté de soumettre l’information des citoyen·ne·s, pourtant nécessaire à l’appréhension et à la discussion des enjeux liés à la 5G, à des stratégies économiques et politiques.

De plus, en mars 2021, le journal Le Soir nous apprend que les opérateurs de télécommunication (Proximus, Orange, etc.) auraient « refusé de fournir aux experts wallons des données sur l’utilisation de leurs réseaux et sur les chiffres précis de consommation électrique » (2). L’information semble pourtant cruciale pour la discussion : tandis que Proximus affirmait quelques mois plutôt l’ « efficacité énergétique nettement plus élevée » des réseaux 5G (3), il est pourtant plus que probable qu’un « effet rebond » vienne contrebalancer tout gain d’efficacité énergétique (4).

Devons-nous tenir ces quelques communications pour des vérités suffisantes à poser les termes du débat ? Si la 5G est effectivement amenée à changer radicalement nos vies, elle mérite plus de transparence. Pour contrer ce maintien dans l’ignorance, le collectif Technopolice Bruxelles souhaite poursuivre son travail d’information en visibilisant la localisation de ces sites d’antennes 5G, afin que chacun·e puisse se rendre compte du monde en train de se construire et qu’il ou elle puisse participer au débat sur les technologies à adopter, à rejeter ou à adapter (5).

Nous avons donc réalisé une nouvelle carte, disponible à l’adresse carte5G.be, qui reprend l’ensemble des sites pour lesquels des permis 5G ont été accordés. Les données étaient déjà librement accessibles mais demeuraient enfouies dans les milliers de pages du cadastre. Notre carte comprend plus de 200 sites accueillant des antennes 5G. Pour la plupart, de la 5G « light »(6), et pour une quarantaine, de la 5G standard. Trois quarts de ces sites se situent en Flandre et un quart en Wallonie. Notons que la plupart des antennes wallonnes sont probablement inactives (7). L’essentiel des antennes ont été déployées par Proximus, mais d’autres opérateurs en ont également : Orange à Anvers (8), Telenet à Louvain, Malines et Aartselaar, Citymesh/Cegeka à Bruges, Courtrai et Zaventem (9, 10), et finalement Ericsson dans le campus Corda à Hasselt (11).

Parmi la foule d’arguments contre le déploiement généralisé de la 5G, Technopolice Bruxelles est particulièrement sensible aux questions de surveillance. Rappelons que la 5G va de pair avec un modèle de gestion urbaine, aussi appelée « smart city » ou « safe citiy » qui ne sont rien d’autre que la mise sous surveillance de l’espace public à des fins policières.

Sous couvert d’optimisation et d’aide à la décision, les projets de « smart city » (avec l’aide de la 5G)  visent notamment à transformer l’espace public tout entier pour en faire une vaste entreprise de surveillance. À grande échelle d’abord, dédiée à la gestion des flux de populations et marchandises. Puis, une surveillance rapprochée des individus et des groupes : dès que des comportements considérés comme « suspects » sont détectés, les différents appareils répressifs pourront fondre sur eux, « préempter la menace » et réprimer la moindre petite infraction à l’ordre public. Ou à l’inverse récompenser les citoyens jugés vertueux.

Quels que soient les usages réels qui émergeront finalement avec cette nouvelle technologie mobile, ce qui est clair, c’est qu’il s’agit de connecter plus d’objets, avec un plus haut débit. Outre la récolte de données personnelles que cela va engendrer, la problématique de la géolocalisation liée aux antennes relais est trop souvent mise de côté.

Sur tous les réseaux mobiles modernes (2G, 3G, 4G et maintenant 5G), l’opérateur peut calculer l’endroit où le téléphone d’un·e abonné·e en particulier est situé à l’aide de la triangulation. La précision avec laquelle l’opérateur peut calculer l’emplacement de l’abonné·e varie en fonction du nombre d’antennes-relais et de certaines technologies propres aux antennes. La spécificité du réseau 5G est que les antennes sont capables de mieux cibler l’utilisateur·rice et que le nombre d’antennes va probablement augmenter (pour couvrir les hautes fréquences). La 5G engendrera un niveau de surveillance jamais atteint auparavant, pouvant localiser les utilisateurs·rices avec une précision de l’ordre du mètre ou du demi-mètre.

Plus directement encore, la 5G va améliorer les capacités de la police en matière de vidéosurveillance. Le déploiement de celle-ci dans les espaces urbains est actuellement entravé par des problèmes techniques. En effet, les images circulent généralement sur des réseaux mixtes de Wi-Fi et de fibre optique. L’installation de caméras est donc conditionnée par la possibilité de tirer de la fibre ou par l’instabilité des systèmes Wi-Fi. On voit donc que l’émergence d’un réseau mobile haut-débit résoudrait bien des complications. De plus, un tel système permettrait également l’intégration de caméras mobiles, en ce compris des drones. Enfin, l’existence de ce type de réseau permet aussi le traitement, en direct, des images par des logiciels d’analyse, et notamment de reconnaissance faciale. Il est donc légitime de s’inquiéter des applications répressives d’une 5G déployée dans un contexte de course effrénée à la sécurité.

Vous pouvez lire notre argumentaire complet sur notre site ou nous contacter à l’adresse contact@technopolice.be

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« Tranche d’anar »

Ce mercredi 4 février 2021, nous étions invité·e·s dans l’émission « tranche d’anar » sur Radio Air Libre. Le podcast de l’émission est disponible ci-dessous.

Il y est question du collectif et de sa raison d’être ; du contexte socio-économique qui génère la technopolice ; du coronavirus et de son exploitation politique ; de la mutualisation de la vidéoprotection de la centralisation de vidéosurveillance ; du déploiement de la téléphonie en général et de la 5G en particulier ; de leur exploitation à des fins de surveillance ; de l’État Centaure (eh oui !) ; et enfin, nous tentons d’apporter une réponse non-léniniste à la fameuse question : Que faire ?

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« Les promesses de l’aube »

Le podcast de notre passage dans l’émission « Les promesses de l’aube » ce lundi 1er février 2021 est disponible sur le site de Radio Panik.

On y présente le collectif et le projet puis on y parle de vidéosurveillance, de 5G, ou encore de footfall analytics

« Ce matin, nous recevons Sarah et Pavel pour parler surveillances technologiques.
Le site technopolice.be s’est monté tout récemment, il se veut une mine d’informations sur ces questions.
Retrouvez également une cartographie de Bruxelles qui recense tant des caméras que du mobilier urbain discriminant.
Le collectif organise une balade une fois par mois.
S’informer, participer, lutter. »

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Communiqué presse

Pour un réel débat démocratique sur les coûts sociétaux de la 5G

À quand un véritable débat public sur la 5G, ses enjeux et les trajectoires techno-scientifiques qui sont imposées à la population ?

Le déploiement de la 5G comporte des menaces potentiellement graves ou irréversibles pour l’environnement, la société et la santé. L’absence de certitude scientifique absolue ne doit pas servir de prétexte à ne pas se prémunir de ses effets et dommages, c’est d’ailleurs à cette fin que la loi prévoit un principe de précaution. Dans l’attente d’un vrai débat démocratique, d’évaluations minutieuses et indépendantes des risques liés à la technologie 5G, nous, associations signataires, demandons un moratoire immédiat sur son déploiement.

Nous rappelons par ailleurs que le gouvernement bruxellois s’est engagé à organiser un débat public sur le déploiement de la cinquième génération de téléphonie et de l’Internet mobile. Le 17 juin dernier, en commission environnement et énergie au Parlement bruxellois, le Ministre Alain Maron, en charge de la transition climatique, de l’environnement de l’énergie et de la démocratie participative, exprimait sa volonté de mener un débat public sur la 5G. « Il faut que tout le monde puisse comprendre les enjeux au niveau de l’environnement, de la santé, de l’économie et des usages « , déclarait-il au journal L’Echo le même jour.

Nous nous étonnons que les citoyen.nes, comités d’habitant.es, groupes et mouvements sociaux, associations… n’aient pas été informés à ce jour sur les modalités et objectifs du débat ni sur la manière dont les conclusions seront mises en oeuvre. En préalable à ce débat, il nous apparaît incontournable que les questions et enjeux sociétaux qui baliseront les thématiques du débat, ainsi que la sélection des « experts » qui seront invités à instruire les questions spécifiques (énergétique, biodiversité, mutation de l’emploi, accès aux données…), soient élaborés et choisis en concertation avec la société civile.

Nous refusons le lissage de questions essentielles et la caution démocratique d’un débat public qui ne serait en fait qu’un exercice de « pédagogie », expliquant aux citoyens, alors que tout aurait déjà été décidé en petits cercles fermés, le bien-fondé du déploiement de la 5G. Nous voulons un véritable débat sur les trajectoires techno-scientifiques qui nous sont aujourd’hui imposées sans nulle concertation.

Presque deux ans après la grande manifestation pour le climat qui a mobilisé 72.000 personnes dans les rues de la capitale, et alors même que nous sommes au coeur d’une crise sanitaire et écologique majeure, le « monde d’après » continue à être confisqué par les ténors de la croissance économique. Pour ceux-ci, la rentabilité semble être le seul objectif visé, sans jamais questionner les usages et les besoins. Dans ce contexte, la 5G est vendue comme une technologie verte, présentée comme un outil indispensable à la lutte efficiente contre le changement climatique et pour la protection de l’environnement. La stratégie de croissance européenne, couchée dans le « Green Deal », serait « adaptée à l’ère du numérique, transformant les défis climatiques et environnementaux en opportunités et en garantissant une transition juste et inclusive ». Au menu de ce « pacte vert » européen : intelligence artificielle, 5G, informatique en nuage, super-calculateurs, traitement des données à la périphérie (edge computing) et internet des objets.

« Cette « relance » prétendument verte est pourtant antinomique avec les objectifs visés : croissance de la consommation énergétique, croissance de l’extractivisme des métaux et déplacement de la pollution dans les pays non-européens, productivisme et surconsommation d’appareils numériques et de gadgets connectés, destructions des habitats naturels et de la biodiversité, dématérialisation croissante des services publics et privés qui renforce les inégalités…

En tout, ce sont 515 milliards d’euros d’investissements qui seront nécessaires dans l’ensemble de l’Union européenne d’ici à 2025 pour parvenir à l’objectif fixé d’orienter l’Europe vers une « société du gigabit » [1]. La Belgique entend y contribuer, comme tous les États membres de l’Union, en investissant l’argent public dans des entreprises privées.

Voulons-nous que cet argent public soit investi dans de nouveaux marchés, créant de nouveaux besoins incompatibles avec la protection de environnement, ou souhaitons-nous qu’il soit investi dans des structures et des services publics essentiels à toutes les personnes vivant en Belgique ?

Acceptons-nous de laisser s’implanter une technologie dont les effets sur la santé et la biodiversité sont encore mal connus et nullement maîtrisés ?

Voulons-nous d’une société où le numérique aura investi chaque espace-temps de nos vies, au profit des industriels qui pourront exploiter la manne de données nous concernant ?

Ces questions, et bien d’autres, doivent maintenant être mises à l’agenda d’un véritable débat public et démocratique sur la 5G.

Signataires :

Inter-Environnement Bruxelles, Attac Bruxelles, Acteurs et Actrices des Temps Présents, Bruxelles grONDES , Ondes.brussels, Domaine Public, CADTM Belgique, T.A.C.T.I.C asbl, NUBO, Technopolice.

Carte blanche initialement publiée sur Le Vif